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Plus de 250 mineurs provenant des 10 départements du pays croupissent dans les cellules du Centre de rééducation des mineurs en conflit avec la loi (CERMICOL) logé à Delmas 33. Faute de dossiers, Ces mineurs n’ont aucune idée ni du jour, ni de l’heure de leur mise en liberté.
Logé dans un bâtiment contigu au commissariat de Delmas 33, plus de 150 mineurs sont repartis dans 6 cellules qui leur servent d’habitat. Ces mineurs détenus dans de mauvaises conditions (menottes aux bras, transport avec criminels adultes) reçoivent peu de visites de leurs proches », rapporte Jerry Pierre Gilles de l’Office de Protection du Citoyen (OPC).
Dans ces conditions où l’hygiène n’est point au rendez-vous, les mineurs en conflit avec la loi sont oubliés dans un prétendu centre de rééducation réunissant tous les éléments caractérisant d’un centre pénitencier pour adultes. Ce qui est formellement interdit d’après les conventions internationales relatives aux droits des enfants.
Le CERMICOL, à part de faire purger une peine aux mineurs, a pour mission principale de former, de rééduquer et de réhabiliter des mineurs en contravention avec la loi. L’âge de ces derniers est généralement compris entre 12 à 18 ans. D’après Jerry Pierre Gilles, ces mineurs sont généralement détenus pour des cas de viol, de vol à mains armées ou même de larcins.
Le centre dispose d’une infirmerie qui siège seulement trois infirmières pour prendre soin des mineurs incarcérés en cas de maladie. Il dispose d’une salle d’isolement au cas où un mineur enfreint des règles internes du centre. Le CERMICOL possède une école fondamentale qui arrive jusqu’à la 9eme année fondamentale. « Après des perturbations au cours de l'année 2014, elle n'a repris les cours que cette année plus précisément en février 2016 », a-t-on appris.
Autre que l’école fondamentale, le CERMICOL bénéficie d’un projet de formation des mineurs détenus. Selon un rapport du Réseau national de Défense des Droits humains (RNDDH), ce projet est mené par la mission des Nations unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH) et s’effectue généralement en après-midi. Cela permet aux enfants d’apprendre de petits métiers comme la plomberie, l’électricité, la couture, entre autres. Le CERMICOL bénéficie aussi la collaboration de plusieurs partenaires tels que l’institut du Bien-Etre social et de la Recherche (IBESR), la MINUSTAH et le Fond des Nations unies pour l’Enfance (UNICEF).
Le CERMICOL dispose aussi de travailleurs sociaux. Ainsi, les mineurs ont à leur disposition des psychologues qui sont affectés à l’école. La direction de l’Administration policière (DAP) aurait pu fournir des informations exactes sur la question mais elle n’était pas joignable.
La justice en cause
« Les mineurs entrent au CERMICOL avec un mandat de dépôt émis par un magistrat », souligne Pierre Gilles. Voilà que ces derniers relèvent soit de la juridiction de Port-au-Prince, soit de celle de la Croix-des-Bouquets. Nombreux de ces mineurs sont en détention préventive prolongée. La majorité dépend de la juridiction de Port-au-Prince.
Trois juges d’instruction siègent le tribunal de la juridiction de Port-au-Prince. Et au parquet, un substitut commissaire s’occupe des dossiers de ces mineurs. Bien que ces dispositions, la justice des mineurs tarde encore à couvrir la majorité des juridictions du pays. Cela s’explique par le fait qu’aucun tribunal spécial, ni juge spécialisé ne s’occupe de la situation de détention préventive à laquelle fait face les mineurs.
James Scott LEGER et Del Carmen Belkis Medina GASPAR
« Ce reportage a été réalisé dans le cadre de l’atelier de renforcement de capacité des jeunes professionnels des médias et bloggeurs sur « les droits humains, la gouvernance et la démocratie » organisé par Panos Caraïbes en partenariat avec l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Bureau régional pour les pays de la Caraïbe et de l' Amérique Latine (BRECAL) du 4 au 8 juillet 2016.